Juste pour eux

Juste pour eux

Pour nos enfants, nous pouvons faire plus

 

 

 

 

 

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Plusieurs journées internationales célèbrent chaque année l'enfant à travers le monde. Il s'agit notamment des 12 et 15 février, respectivement journée internationale des enfants soldats et celle du cancer de l'enfant, des 4 et 12 juin consacrées respectivement aux enfants victimes innocentes de l'agression et à la lutte contre le travail des enfants, ainsi que le 20 novembre décrétée journée internationale des droits de l'enfant. Sur le continent, le 16 juin est une des journées phares pour tous les acteurs impliqués dans la promotion et la protection des enfants.

 

L'historique de cette journée nous ramène 40 ans en arrière, le 16 juin 1976, lorsque débute à Soweto (banlieue de Johannesburg) dans l'Afrique du Sud sous l'apartheid, une série de manifestations dénommées les émeutes de Soweto. A l'origine de ces manifestations, la décision du gouvernement d'instaurer l'Afrikaans dans les écoles noires en plus de l'anglais. L'imposition de cette langue parlée majoritairement par les blancs, vue comme la langue de l'oppresseur, crée l'indignation chez les élèves noirs de l'enseignement public secondaire qui, soutenus par le mouvement de la Conscience noire, décident de contester la décision de l'introduire dans leurs écoles.

 

Le mouvement commence en fin avril 1976 par une grève des élèves de l'école junior d'Orlando-Ouest, un quartier de Soweto, qui refusent d'aller à l'école. Il s'étend progressivement aux autres établissements scolaires noirs avec le même objectif, obtenir l'annulation du décret de 1974 imposant l'Afrikaans dans leurs écoles et le maintien de l'enseignement en anglais et dans leurs langues maternelles. Les élèves se regroupent autour d'un comité d'action et décident d'organiser une marche le 16 juin.

 

Le 16 juin 1976, entre 10 000 et 20 000 écoliers noirs, au départ d'une vingtaine d'écoles, munis de pancartes et de banderoles convergent vers Orlando Stadium. Mais leur mouvement est dispersé par la police qui avait reçu la consigne d'user de tous les moyens pour rétablir l'ordre. Ce jour là, au moins 21 manifestants sont tombés sous les balles assassines des forces de l'ordre. Les jours suivants sont marqués par une escalade de la violence, faisant en tout environ 500 morts.

 

L'écho des manifestations violemment réprimées de Soweto entraîne des réactions aussi bien au plan interne qu'international. En effet, au plan national, 300 étudiants blancs de l'Université du Witwatersrand de Johannesbourg défilent en guise de protestation contre la répression violente des écoliers de Soweto. A l'international, le monde découvre avec effroi et indignation, les exactions du régime d'apartheid à l'encontre des enfants. Le gouvernement excédé retire, en juillet 1976, le décret d'introduction de l'Afrikaans dans les écoles noires.

 

Un an plus tard en 1977, l'Organisation des Nations Unies impose un embargo sur les ventes d'armes à destination de l'Afrique du Sud. Les luttes d'émancipation des noirs connaissent un regain jusqu'à l'abolition de l'apartheid en 1991. C'est également à partir de cette date que la journée du 16 juin sera décrétée, par l'Organisation de l'unité africaine, journée de l'enfant africain en souvenir du massacre des centaines d'écoliers de Soweto. En Afrique du Sud elle est décrétée journée de la jeunesse ( Youth Day).

 

Aujourd'hui, 16 juin 2016, est célébrée à travers le continent, la 26ème journée consacrée à l'enfant africain sous le thème "conflits et crises en Afrique: protégeons les droits de tous les enfants". Un thème qui nous donne encore une fois l'occasion de réfléchir sur la protection des enfants qui sont bien souvent les premières victimes en situation de conflits armées. 

 

La moitié des personnes tuées ces dernières années dans des conflits à travers le monde serait des enfants. A coté de ce bilan qui se chiffre à plus de 2 millions d'enfants, des milliers d'autres sont enrôlés comme soldats dans les conflits dont 12 000 au Soudan du Sud selon l'ONU. La montée du terrorisme fait également de nombreuses victimes parmi les enfants. Au Nigéria, l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest ex-Boko Haram a procédé en avril 2014 au rapt de 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans à Chibok (Nord-Est du Nigéria). La majorité de ces jeunes filles est encore retenue par le groupe, qui est en outre utilise de plus en plus des enfants comme bombes humaines pour commettre des attentats suicides dans des lieux publics.

 

Au regard de cette situation, la réflexion sur le thème de cette année pourrait être orientée vers la préservation de la paix, la résolution durable des conflits qui minent le continent, et la culture de la paix chez nos enfants. Il est primordial que l'on se souvienne et que l'on commémore le courage des enfants de Soweto à travers le continent. Ainsi le Sénégal délocalise sa célébration à Ziguinchor au Sud du pays en plein cœur du conflit qui déchire la Casamance depuis plus de 30 ans, tandis qu'en République Démocratique du Congo, une quinzaine des droits de l'enfant est décrétée autour d'activités qui s'étendront jusqu'au 1er juillet prochain

 

Le devoir de mémoire doit par ailleurs inciter à l'action sur le continent en faveurs de tous ces autres enfants qui ne peuvent pas ou n'ont pas été préparés par leur environnement socio-culturel ou économique à revendiquer leurs droits. Des leçons doivent être tirées des événements de Soweto. Les enfants d'Afrique du Sud nous ont entre autre démontré qu'ils voulaient apprendre dans leurs langues maternelles nous devons donc repenser notre système éducatif et réfléchir à comment permettre à nos enfants d'apprendre dans nos langues, à un moment où l'on s'inquiète de plus en plus de la baisse du niveau dans nos écoles.

 

Alors au slogan national adopté par Maurice pour commémorer le 16 juin 2016 "Pou nou zanfan: eski nou pe fer ase?", je réponds avec beaucoup d'espoir: nous pouvons et devons faire plus pour nos enfants.

 

 

 

 

 



16/06/2016
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