Juste pour eux

Juste pour eux

Mères seules et précaires: plaidoyer pour une meilleure réinsertion sociale des filles-mères

 

© #Childmothers expo photo

 

 

 

Au Burkina Faso, les grossesses précoces et non-désirées en milieu scolaire sont devenues un phénomène social inquiétant. Elles peuvent être définies de manière générale comme celles intervenant avant l'âge de 18 ans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes quant à l’ampleur que prend ce phénomène dans notre société.

 

Selon une étude commanditée par l’UNICEF en 2010, on dénombrait déjà par région environ 100 cas de grossesses précoces et non-désirées en milieu scolaire. Par ailleurs, les directions régionales de l’enseignement ont relevé 2295 cas de grossesses durant l’année scolaire 2013-2014. En fin 2016, la presse burkinabè relayait le cas de 30 filles enceintes dans deux classes de 3ème d’un même lycée dans la ville de Orodara (Sud-ouest). Ces exemples sont légions et pilulent les rubriques divers de nos médias.

 

Les conséquences de ces grossesses sont multiformes pour ces filles car elles affectent non seulement leur santé, mais également leur éducation scolaire et leur vie sociale. Sur le plan de la santé, le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH/SIDA et l’Hépatite B est grand.

 

Il y a également toutes les infections liées à l’interruption, le plus souvent, clandestine de ces grossesses, notamment le risque de stérilité et d’infections obstétricales. Il y a enfin la mort qui peut faire suite à l’avortement clandestin non assisté médicalement, aux complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.  

 

Au niveau scolaire la conséquence immédiate est la plupart du temps, l’abandon périodique ou définitif des cours. On observe aussi une baisse du niveau, pour celles qui ont encore le courage d’affronter le regard des autres.

 

Vis-à-vis de la société, ces filles sont psychologiquement affectées par le regard que porte désormais cette société sur elles. Certaines peuvent être tentées d’abandonner leur bébé à la naissance. Mais beaucoup font encore face au rejet par leur famille voire au bannissement.

 

Et c’est ce cette dernière conséquence qui fonde l’écriture de ce billet. Une note qui vise à attirer l’attention de la communauté et qui l’interroge sur le phénomène des grossesses non désirées et précoces en milieu scolaire.

 

Au moment où notre pays s’apprête à célébrer la journée internationale de la femme le 08 mars prochain sous le thème “la valeur morale de personne humaine, responsabilité des collectivités dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes”, je choisis de m’intéresser à la question de ces jeunes filles jugées à travers le prisme de l’apparence sur un mal certainement bien plus profond.

 

Un mal dont la responsabilité pourrait incomber à tous et à chacun de nous. Un mal né parce que quelqu’un, quelque part, a fait ou a omis de faire ce qu’il avait à faire. L’une des questions fondamentales que chacun pourrait se poser pour moi est “qu’est ce que j’ai fait ou omis de faire dans la survenue de cette grossesse?”

 

Ces adolescentes, les femmes en devenir, méritent à mon avis, bien plus que de la réprobation ou du rejet. Elles méritent un accompagnement et une réinsertion dans le tissu social, de sorte à ce que, ce qui a été considéré comme un écart de conduite, ne mette pas fin aux projets d’une vie, voire de deux: la vie de deux enfants: la fille devenue mère trop tôt et l’enfant qu’elle porte.  Et ce, au nom de la dignité humaine, cette valeur inaliénable inhérente à tout être humain.

 

Cela suppose aussi que quelqu’un, je pense aux parents, à la famille élargie, aux éducateurs, à l’Etat, à la société en général, reconnaisse sa responsabilité dans la survenue de ces situations.

 

L’éducation sexuelle de la jeune fille doit être mise au coeur des priorités des familles, des parents en particulier, et des éducateurs. Cette éducation devrait permettre de responsabiliser l’adolescente sur sa vie sexuelle. Aussi les inégalités en matière de santé de la reproduction doivent-elles également être corrigées afin de faciliter l’accès des adolescentes à l’information et à la contraception.

  

 

 

 

 



02/03/2017
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