Juste pour eux

Parlons des droits fondamentaux de l'enfant...

Le premier droit de l'enfant, comme de tout être humain, est certes le droit à la vie. Mais pour cet article, nous avons sciemment décidé d'éviter le débat sur ce premier droit en lien avec toutes les questions connexes dont l'avortement notamment.

Parlons donc d'un autre droit tout aussi fondamental: le droit à l'identité.

Imaginez un instant, un père de famille dont le fils décède lors d'un voyage. Le père qui se rend sur les lieux du drame est empêché par la police de procéder à l'enlèvement du corps de sa progéniture parce que ne disposant d'aucune preuve de filiation avec l'enfant. (Faits inspirés de l'histoire de Balamine relatée par l'UNICEF Burkina Faso)

Des histoires ayant la même conclusion, j'en ai entendu tellement...
Tenez vous, une petite fille, est confiée par ses parents vivants à l'étranger à des tuteurs installés dans un village du Burkina Faso. Dès qu'elle atteint l'âge d'aller à l'école, les tuteurs de la fillette apprennent qu'elle n'a pas été déclarée à sa naissance. Ils décident donc de lui établir un acte de naissance à leurs noms, les parents de celle-ci, prenant une telle proposition à la légère, ne s'y opposent pas pour soi disant faciliter les démarches dans ce sens. 

Aujourd'hui cette fille est une jeune femme qui se construit après ses études et travaille. Elle a eu de la chance dira t-on. Elle connait ses parents biologiques et ne semble pas se plaindre d'une telle situation qui ne lui a jamais été cachée, même si le regard critique peut juger qu'elle lui a été imposée, parce que décidée sans son consentement et à un moment où elle n'avait, de toute évidence, pas la capacité d'en exprimer librement.

Imaginez aussi cette autre histoire d'une jeune mère célibataire séparée de son compagnon qui vit à l'étranger où elle accouche d'un enfant qu'elle désire déclarée selon la législation du pays d'accueil. Seulement elle se heurte à plusieurs obstacles. On lui explique notamment qu'elle ne peut déclarer seule son enfant. Elle devrait donc se présenter avec le père de l'enfant devant l'officier d'état civil. Par contre, le père seul peut déclarer l'enfant selon les informations qui lui sont fournies.

Voici quelques résumés d'histoires (qui pourraient, chacune, faire l'objet d'un roman) qui illustrent bien les freins à ce droit fondamental de l'enfant. 

Très souvent, de telles histoires se produisent dans des contextes marqués par l'analphabétisme et l'éloignement des services d'état civil entre autre. Mais de manière spécifique, si pour les deux premières histoires, l'on peut évoquer l'ignorance des parents sur l'importance du premier document d'identité que constitue l'acte de naissance, la dernière révèle bien les difficultés d'obtention même de ce document dues à la complexité des procédures administratives. Les facteurs de cette histoire montrent que l'Etat présente parfois des défaillances dans la mise œuvre de ce droit. 

Alors que la tendance est à l'ancrage du réflexe d'établissement de ce document auprès de nos communautés, comment comprendre que les procédures administratives y relatives soient aussi complexes? Les responsabilités peuvent donc être partagées entre nos communautés et l’État.

Au Burkina Faso, selon l'UNICEF, en 2008, on dénombrait plus de 5 millions d'enfants sans actes de naissance et plus de 200 millions sur tout le continent. Autant d'enfants qui ne figurent pas dans nos statistiques, qui n'existent pas juridiquement. Autant de futures adultes analphabètes, parce que ne pouvant pas aller à l'école avec toutes les conséquences connexes sur le développement de notre pays et au delà, de notre continent.

Or l'acte de naissance est le premier document de l'enfant et aussi le plus important. Il lui donne une identité et protège ses droits. 

Parce que chaque enfant le mérite pour exister, faisons de l'établissement de l'acte de naissance, un des actes qui entourent la venue d'un enfant.