Juste pour eux

Juste pour eux

La pratique de l'excision au Burkina Faso: après 20 ans de lutte, l'amer constat

 

Mi-septembre 2018, l'opinion publique burkinabè apprend l'hospitalisation de neuf (9) filles à Kaya (Centre Nord) à la suite de complications liées à la pratique de l'excision. Alors qu'une partie de cette opinion s'indigne, l'on apprend dans la foulée l'hospitalisation d'une trentaine autres (38) dans la capitale Ouagadougou. 

 

Pour rappel, l'excision est une forme de mutilation génitale féminine qui consiste en l'ablation partielle ou totale du clitoris. Elle entraîne de graves conséquences sur la santé et la psychologie des victimes.

 

Le Burkina Faso a interdit la pratique dès 1996 dans le Code pénal et a institué un Conseil National de lutte contre la pratique de l'excision (CNLPE). En 2018, le nouveau code pénal a relevé les sanctions passant d'une peine d'emprisonnement de 6 mois à 3 ans (article 380, ancien code pénal) à 1 an à 10 ans voire 11 à 21 ans si la victime en est morte (article 513-7, nouveau code pénal). Il est également prévu des sanctions pécuniaires que je ne mentionnerais pas parce que pensant qu'aucune somme d'argent ne peut soulager la souffrance des victimes.

 

Malgré les campagnes de sensibilisation du CNLPE et des organisations de la société civiles sur le terrain depuis plus de 20 ans, l'on constate toujours des poches de résistance. En 2015, 67, 6% des femmes burkinabè de 15 à 49 ans étaient excisées. 

 

La perpétuation de la pratique est sous-tendue par un ensemble de croyances religieuses, sociales et de préjugés qui contrastent pourtant avec les conséquences parfois irréversibles sur les victimes. L'on est alors tenté de se demander à quoi sert une culture, une croyance ou une pratique qui entraîne de la souffrance sous toutes ses formes voire la mort? 

 

Une analyse approfondie des différentes formes de mutilations génitales féminines à travers le monde, nous renvoie à la conclusion qu'elles ont toutes le même but funeste: celui d'exercer un contrôle sur le corps de la femme d'une façon générale.  

 

C'est pourquoi il est impérieux d'interroger encore et toujours nos cultures, nos pratiques sociales et nos croyances religieuses avec objectivité.

Lors d'une séance de plaidoyer dans une localité de notre pays, une femme a affirmé en langue mooré: "ROGMIKI YA ROGSINGUI"! (j'aurai aimé pouvoir écrire cette assertion voire l'ensemble de ce texte dans la langue de tous les groupes ethniques que compte notre pays, afin que tous comprennent et soient sensibles à la souffrance des filles et des femmes)

 

Osons abandonner nos pratiques traditionnelles néfastes!

 

Osons être le point de départ de nouvelles pratiques sociales qui valorisent la femme, la mère, la sœur, la fille! 

 

Osons reconsidérer la place de la femme dans notre société...

 

Comme l'affirment malheureusement beaucoup de personnes, l'excision n'est certainement pas la réponse aux maux qui touchent les femmes dans notre société. Je pense notamment à la dépravation des mœurs, aux grossesses précoces et non-désirées, à la prostitution, etc.

L'EDUCATION dans nos familles et dans nos écoles EST LA CLÉ!

 

Pour ces victimes de septembre, j’espère que la loi sera appliquée aux auteurs et complices pour l’exemple, et pour la justice. 

 

 

 

Crédit photo: Danse de l'âme

 



20/09/2018
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